On se souvient tous du débat sur le mariage pour tous. Il avait causé un marathon de 172 heures de lectures, argumentation et petites phrases au Parlement, et engendré dans sa plus grande impartialité près de 5000 amendements. Rappelons par exemple les amendements 4661 et 4662 de J. Bompard qui proposaient d’autoriser l’union polygame ou incestueuse. Les manifestations avaient été d’une violence rarement atteintes (Ludovine de la Rochère et amis CIVITAS obligent!).
Le cas Aussie
L’Australie est l’un des derniers pays occidentaux à se questionner sur cette thématique. Ici depuis 2004, une loi interdit spécifiquement la célébration ou la reconnaissance du mariage homosexuel. Et si une tentative infructueuse a été menée en 2013 par le Territoire de la capitale australienne (Canberra hein… Sydney et Melbourne ne sont pas les capitales!), elle a vite été contrée par la Haute Cour. Les unions civiles sont autorisées dans un très grand nombre d’États australiens, mais le mariage reste cloisonné à un homme et une femme.
Le poids des lobbys demeure inévitable dans la société australienne et si l’interdiction de 2004 a grandement été facilitée par le travail de ces organismes religieux, Églises catholiques et anglicanes en avant-poste, le débat n’en reste pas moins souvent relancé.
Réformer par correspondance
Le Premier Ministre, Malcolm Turnbull, qui a toujours soutenu le mariage homosexuel et dont il en avait fait l’une de ses mesures phares, a décidé de prendre le taureau par les cornes. Il lance une grande consultation populaire et demande à ses concitoyen(nes) de voter par correspondance à la question du mariage homosexuel.
«La loi doit-elle être amendée pour autoriser les couples de même sexe à se marier?»
Les associations militantes pour la cause homosexuelle et le centre de défense des intérêts du public ont décidé de faire appel auprès de la Haute Cour afin de bloquer le vote par correspondance. Selon leurs représentants, ce vote pourrait avoir un effet dévastateur sur la suite des évènements : libération de la parole homophobe, mobilisation accrue des opposants à la réforme, désintérêt du grand public.
Il faut dire que débat est féroce. Les grands médias ont relayé ces dernières semaines des spots publicitaires aux morales bancales. Dans l’un d’eux, trois femmes sont interrogées sur leurs votes. Un « NO » franc car le mariage pour tous causerait la fin de notre civilisation of course.
We Are Union
Le débat est violent, nauséabond et parfois un peu court sur pattes, mais il est là. Et selon les médias australiens, plus de 60 % des votants seraient pour le mariage homosexuel. Et les lignes bougent également du côté de la Sacro-sainte Eglise. Des responsables ont pris leurs responsabilités et soutiennent la réforme constitutionnelle. Certaines églises arborent par ailleurs des emblèmes de la cause homosexuelle : rainbow flag, et les slogans « Marriage Equality Yes » ou « We are Union« .
Certains quartiers de Melbourne sont plus gayfriendly que d’autres mais lors de notre promenade dans le quartier de Fitzroy, la majorité des commerces arboraient fièrement la couleur. Tout le quartier (ou presque) est acquis à la cause et les slogans prêtent à sourire.
«Ce n’est pas parce que nous sommes un petit commerce que nous ne soutenons pas cette grande cause.»
Les Australiens ont jusqu’à fin octobre pour faire entendre leur voix et voter par correspondance. Puissent-ils faire le bon choix ! Et il est certain que les détracteurs de cette réforme constitutionnelle n’auront plus rien à redire contre le mariage homosexuel d’ici quelques temps. Tout comme en France, où la majorité des députés qui avaient lutté farouchement contre cette réforme, ont aujourd’hui une vision plus policée.
EDIT : et ils ont dit oui!