Arriver dans un pays anglophone et ressentir cette crainte purement française : mon niveau d’anglais sera-t-il satisfaisant ? Arriverai-je à comprendre mes interlocuteurs ? Aurai-je cette foutue honte de cet accent français ?
On ne sait pas si notre système éducatif est fautif de notre paralysie linguistique ou si c’est notre sentiment de supériorité du français sur les autres langues. Toujours est-il qu’on arrive à l’étranger avec cette peur au ventre et l’impression de mal-faire.
Courber les Chine
On se souvient de notre arrivée à Taïwan, après plus de 5 ans d’études de la langue chinoise, et de notre déroute linguistique. Nous ne comprenions rien, et découvrions une toute autre langue et culture. Federico Fellini disait :
Une langue différente est une vision de la vie différente.
Nous goûtions à des saveurs étrangères, nous nous interrogions pour chaque évènement et tachions de nous ouvrir aux joies de la découverte. Mais nous ne comprenions rien. Pas un mot ne sortait spontanément.
Oui, on penche plutôt vers les lacunes de notre système d’apprentissage français. Pourquoi avons-nous cette douleur abdominale quand nous devons exposer en langue étrangère devant les autres ? Pourquoi nos cours de langues sont-ils aussi peu développés et ouverts vers l’utile et le fondamentalement nécessaire ? Nous nous sommes plongés dans l’apprentissage du chinois quand nous étions sur place. Le plongeon a été si profond que nous avions laissé de côté l’anglais et nous nous sommes vite retrouvés bloqués face à la langue de Shakespeare. Nous avons été même jusqu’à réserver un hôtel géré par des français aux Philippines par crainte de ne pas pouvoir parler anglais. Nous ne parlions qu’entre nous et ne nous ouvrions pas aux autres nationalités. Nos mots sortaient en chinois. Notre implication dans cette langue était arrivée à son paroxysme.
To be or not to be ?
Il a fallu pour Edward, un certain rejet de la langue chinoise pour commencer à apprendre l’anglais. Fini l’étude et l’analyse du chinois, la place fut faite à l’anglais. Comme si nous n’étions pas fait pour apprendre deux langues en même temps. Nous avons entrepris des travaux de fond : des cours quotidiens de conversation avec une américaine de notre centre de langue pendant plus d’un trimestre. Nous étions motivés et prêts à ouvrir les rouages de la machine. L’expérience de stage pour Aurore, à Pékin, au sein d’une entreprise gérée par une londonienne a été un propulseur inespéré dans l’acquisition des bases anglaises. Regarder les séries a été également une aide précieuse. User des sous-titres français puis anglais nous aura permis une transition en douceur pour s’imprégner de l’anglicisme.
Le syndrome JCVD ?
A quel moment peut-on considérer l’évolution de son niveau? Peut-être quand on commence à comprendre les paroles, peut-être quand on commence à se concentrer sur l’image sans user des sous-titres, ou peut-être quand certains mots viennent davantage en langue étrangère qu’en français ? C’est ainsi que nous adoptons certains mots plutôt que d’autres versions : les blueberries plutôt que les myrtilles; le day off plutôt que congés; ou le fameux meeting plutôt que réunion. C’est la #StartupNation, notre histoire non? Loin aussi de nous l’idée d’être atteint du syndrome Jean-Claude Van Damme où les mots franglais font irruption dans nos conversations.
Nous vous rassurons, on est pas encore à ce level de bilinguisme où every single word est dit en frenglish. Keep calm et take it easy quoi !
On ne remet pas en question l’hégémonie – et l’importance – de la langue et de la culture françaises et on ne vante pas les louanges de l’introduction progressive des mots anglais dans notre vocabulaire, mais nous prêtons une attention particulière aux évolutions linguistiques. Ainsi chatter ou chiller font partie de notre vocabulaire quotidien. On twitte sans arrêt et on a des confcalls à n’en plus finir. Mais si ces mots existent, il y a toujours cette subtilité française : notre accent. Certaines femmes ont voué un culte à l’acteur Richard Gere (prononcé djire) et on attend avec impatience la prochaine saison de Homeland (prononcé homme-landes). On écoute avec toujours le même plaisir du Amy Winehouse (ouaïnne-housse)
En Australie, l’originalité est que le vocabulaire diffère de l’anglais britannique ou de l’anglais américain. Soit ils sont très fainéants, soit ils ont le béguin pour la contraction des mots. On vous a fait une sélection des contractions, des transformations, des termes typiquement australiens et de quelques WTF (What The Fuck?) :
Les contractions :
Avo : Avocado
Arvo : Afternoon
Breakkie : Breakfast
Barbie : Barbecue
Biccy : Biscuit
Choccy : Chocolate
Chrissie : Christmas
Footy : Football
Garbo : Garbage man
Hubby : Husband
A Roo : Kangaroo
Maccas : McDonalds
Mozzie : Mosquito
Pollie : Politicians
Postie : Postman
Servo : Service station
Tassie : Tasmania
Les transformations :
A googie : An egg
Toot : Toilet
A nong : A fool or silly person
A drongo : A real fool person
Chemist : Pharmacy
A brolly : An umbrella
Snags : Sausages
Les 100 % OZ :
G’day : Good day
Cheers : pour remercier quelqu’un ou le saluer (on dit Cheers ! pour tout ici)
Mate : le compagnon, l’ami qu’on utilise pour désigner un mec, on utilisera souvent « G’day mate! »
No worries: Don’t worry qu’on utilisera aussi à tout bout de champ, c’est un peu la devise ici 🙂
Corroboree : qui désignait autrefois une réunion commémorative pour les Aborigènes et aujourd’hui toutes sortes de rassemblements.
A cocky : le cockatoo, oiseau natif d’Australie, et qui désigne de quelqu’un qui a trop confiance en lui.
Les WTF :
Apples : qu’on utilisera ici pour désigner que tout est sous contrôle « She’s apples »
Sheila : une jeune fille / femme (usage en perte de vitesse)
Westralian : un résident de l’Etat du Western Australia
A tinnie : une canette de bière
Sunbake : sunbathe
Ta : Thank you mais Ta Ta veut dire Goodbye…