Entre la dinde et le calva, vous reprendrez bien un peu de dessert ?
I’m dreaming of a White Christmas
C’est bientôt Noël et nous constatons que notre éducation chrétienne est à refaire. Nous fêtons traditionnellement tous les deux notre Noël le 24 décembre au soir. Peut-être notre impatience est-elle aussi forte que nous ne pouvons attendre les cadeaux le matin du 25 décembre comme les autres ? Ici, ils se la jouent anglo-saxon à fond et un peu « conte de Noël », téléfilm sur M6 à 14h30 le dimanche. On fêtera principalement Noël le 25 décembre auprès d’un bon déjeuner familial. N’oublions pas que l’Australie est un ancien joyau de la couronne anglaise (#dearpapa) et que l’Eglise anglicane est implantée partout (et pseudo-commandée par la Reine Elizabeth).
Nous continuerons de transgresser en bon païen et fêterons cette année Noël le 24 décembre. Un Noël un peu particulier, car pour le première fois nous le ferons à deux. Ce n’est pourtant pas notre premier Noël à l’étranger et pourtant nous avions fêté alors avec des amis. D’ailleurs, allez fêter Noël à Taïwan et vous verrez comme c’est difficile de se sentir chez soi ! Beaucoup d’entre vous nous ont interpellés avec la fameuse :
« Oh ! Noël en été ! Ça va vous faire bizarre ! »
Et bien sachez que votre interpellation aura été de mauvaise augure car nous nous apprêtons à fêter l’un des Noëls les plus frais que Melbourne ait connu. On ne crache pas sur le beau soleil et les 18 degrés mais nous étions à 36 degrés il y a deux jours. Et parait-il que nous serons à 35° mercredi prochain. Melbourne se joue de nous.
Le Boxing Day
L’Australie joue les flemmardes en ces derniers jour de décembre. Les jours du 25 et 26 décembre sont en effet fériés. Le 26 décembre que les Australiens appellent pudiquement « Boxing Day« est une vieille tradition religieuse. Traditionnellement, ce jour était réservé pour donner des cadeaux aux plus démunis. On dit qu’il est célébré depuis 1871 dans de nombreux pays anglophones en l’honneur de Saint-Étienne, le premier martyr chrétien. Ce jour-là est donc sacré ! Faisons preuve de charité et de don de soi. Dépassons nos préjugés et notre confort personnel pour tendre la main à l’Autre.
Plusieurs histoires se tirent la bourre sur l’origine de cette fête. Celle que nous retenons est celle datant du XVème siècle, moment ô combien important car nous avions découverts d’Autres mondes. Lors des expéditions, de nombreux marins apportèrent à bord une boîte dans laquelle ils disposaient de l’argent pour la bonne fortune de leur périple. Cette boîte scellée n’était ouverte qu’à leur retour et si par chance ces marins revenaient sains et saufs, leurs offrandes étaient remises aux prêtres du village. Ces derniers étaient chargés de redistribuer les fonds aux plus démunis.
Mais ça c’était avant la société de consommation. Une société qui a décidé de fouler au pied les traditions et imposer son culte de l’appropriation. Depuis de nombreuses années, le jour chômé est une occasion en or pour se ruer dans les magasins et faire du shopping. Un deuxième Black Friday en somme… C’est le début des soldes, et une bonne occasion pour craquer l’enveloppe que Mamie vient juste de nous offrir.
A Christmas in Melbourne
C’est sûr qu’on n’a pas vraiment l’impression d’être à Noël ici. Déjà parce que les semaines sont passées à une allure folle – nous avons dépassé nos cent premiers jours sur le sol australien – et que les décos de Noël à Melbourne ne font pas envie. Loin de nous de critiquer le goût des collectivités et encore moins des Australiens, mais nous restions un peu de glace face aux décorations de la ville. Le sapin de Federation Square (l’équivalent de notre bon vieux Châtelet) était un arbre désincarné, hyper chargé et aux couleurs électriques. Les rues se pavoisent de belles étoiles vertes ou dorées et boules ou cloches rouges. Un peu simplette les décos, les gars !
Et puis, imaginez-vous un peu que les Australiens fêtent Noël à la plage! Car une fois le froid passé, nous mourrons de nouveau sous l’écrasante chaleur. Nous partirons certainement mardi vers l’une des dizaines de plages de Melbourne. C’est effectivement difficile d’être dans l’esprit de Noël français où manger chaud est une nécessité pour se tenir chaud et où les plus chanceux pourront apercevoir un peu de neige. Ici c’est tong et short de mise (même quand il fait 12 degrés, mais ça c’est un autre problème!).
Notre petite madeleine de Proust
Les approches de Noël quand on vit à l’étranger c’est toujours une régression. On a toujours eu de la chance d’avoir des petits colis chargés comme des mules pour les fêtes. Quand nous étions à Taïwan, c’était tout à fait justifié, puisqu’on ne trouvait absolument rien. Ici, nous sommes mieux lotis et sommes donc moins en manque. Nous trouvons de tout. Cette année, quand nos familles nous ont demandé ce que nous voulions, nous nous sommes longuement interrogés. Nous avons misé sur le pratico-pratique mais sans nous priver sur quelques cochonneries bien-de-chez-nous. Le délai varie entre 9 et 12 jours mais un conseil bien précieux avant de faire partir vos victuailles : voyez large et faites attention aux éventuelles fermetures : la semaine prochaine, la poste n’est ouverte que mercredi et jeudi.
Ouvrir un colis qui vient de France, c’est un avant-goût de Noël ! J’ai été personnellement jusqu’à sentir les deux vestes que ma mère m’avait envoyées pour « sentir » une odeur de France ! Zinzin, on vous dit !
Dans tous les cas, on fêtera Noël comme il se doit, à deux et avec une pensée particulière pour nos familles. On skypera au petit matin alors qu’ils seront déjà à leurs troisième ou quatrième verres car c’est ça de vivre en Australie. Nous avons de l’avance sur tout le monde et comme une légère impression de vivre dans un futur proche.
Allez, on vous embrasse, et allez hop ! A Créteil !