Discuter de Sydney à un habitant de Melbourne c’est raviver une vieille querelle qui se traine pour voler la vedette à l’autre. Laquelle obtient le statut de la plus grande, la plus belle, la plus vivable ou de la plus tendance! Partant de cette discussion un peu exagérée (un article d’Urbanlist est sorti il y a quelques jours sur les 29 raisons qui placent Melbourne indéniablement au firmament de l’échelle du cool), nous avons pris nos billets pour la ville de Sydney. Et le moins qu’on le puisse dire, c’est que le constat est mitigé voire décevant. Aurions-nous trop entendu parler de Sydney? La ville mérite t’elle autant cette image d’incontournable?
Arrivant sous des trombes d’eau, le mythe de la capitale de l’État du New South Wales est brisé. Malheureusement, nous n’avons pas eu de chance sur le temps dans la ville où le ciel bleu est de mise la majorité de l’année. Il fait toujours beau et toujours plus chaud à Sydney. Première d’une série de déconvenue, nous ne nous arrêterons pas aux simples faits météorologiques. A vrai dire, il aura fait beau la moitié de notre week-end, donc ne mettons pas tout sur notre déconvenue.
La ville est grande, étendue, beaucoup plus vaste que Melbourne. Les ruelles sont toutefois étroites et nous avons le sentiment de suffoquer dans cet environnement de hauts buildings datant des années 1970-80. L’ensemble n’a aucun charme, aucune âme. D’ailleurs nos guides papier nous évoquent une construction effrénée et beaucoup de ratés dans la conception architecturale. Un gloubi-boulga indigeste! Le centre financier, que l’on appelle le CBD, ne revêt aucun intérêt particulier. Quelques lieux méritent le détour mais ils sont peu nombreux.
Quartier par quartier
Le Central Business District
Des ruelles bondées et des magasins, le CBD est le cœur financier de Sydney où les businessman se bousculent sur des trottoirs étroits. On a des impressions de New-York! un quadrillage des rues, une vision globale d’un centre étendu et entourés de buildings longs et parfois massifs.
Nous nous rendons dans plusieurs galeries commerçantes ravissantes. Premier arrêt au Queen Victoria Building, que les locaux nomment simplement QVD. Cet édifice imposant et long de plus de 200 mètres date de la fin XIXè siècle et est un palais de la consommation où de nombreuses échoppes ouvrent quotidiennement. C’est au tournant des années 1950 qu’une société malaise décida de rénover l’ensemble tombé quasiment en ruines afin d’en faire l’ouvrage que l’on lui connait aujourd’hui : un sol en céramique, un plafond de verre et des horloges imposantes.
The Strand Arcade, découverte un peu par hasard (notre aversion pour les guides touristiques papiers est de plus en plus pressante, mais c’est un autre sujet!). Cette ravissante arcade a été bâtie au milieu des années 1880 par l’architecte anglais John Spencer. Trois étages – ce qui donne une vue d’ensemble intéressante nous permettant de saisir la grandeur du lieu – et de nombreuses boutiques, du barbier au fameux magasins Aésop. Une verrière longue donne une lumière naturelle au lieu plein de vie.
Un peu plus au nord, la State Library of New South Wales, qui jouxte les jardins botaniques royaux. La façade de l’établissement est imposante, ressemblant un peu à celle de Melbourne mais aux couleurs plus chaudes. Nous regrettons l’emplacement de l’édifice qui se situe au milieu d’une route sans charme et chargée. Derrière l’établissement culturel, un appendice a été rajouté. Malheureusement cet appendice ressemble davantage à une excroissance maligne!
Le Darling Harbour est l’un des nombreux ports de la baie de Sydney, une espèce de vaste espace urbanisé à outrance, sans charme et avec beaucoup de mauvais goût. Des hôtels, des espaces commerciaux, des restaurants attrape-touristes, rien n’a été fait pour embellir l’espace. On constate que l’espace a été disputé entre les différents promoteurs immobiliers de la région pour une (grosse) poignée de dollars. Au milieu de ce port, nous constatons ce long pont qui traverse la baie. Un pont gigantesque, insignifiant et lourd.
L’Opéra et la balade de Circular Quay
C’est fou comme nous pouvons nous faire des représentations des endroits qui sont rentrés dans l’imaginaire collectif. Aussi en arrivant sur cette promenade de Circular Quay qui nous amène au fameux Opéra, nous nous retrouvons face à notre déception. L’espace est étriqué, et vraiment peu accueillant. Nous avions l’envie de nous retrouver face à cette immensité bleue (ou grise ce jour-là!) et non! Des bâtiments sur la droite viennent tasser l’ensemble (les habitants de Sydney appellent l’immense dégueulasse The Toaster pour son côté froid et massif), le train passe sur des rails en hauteur et sous arcades. Des voitures en hauteur, une nouvelle fois où que nous puissions poser nos regards, des voitures!
Revenons à nos moutons, C’est depuis Circular Quay que nous pouvons prendre les ferrys pour les différentes balades côtières accessibles depuis Sydney. C’est très pratique et nous y reviendrons plus tard.
Il y a aussi une vue imprenable sur le Harbour Bridge, emblème de la ville. Ce pont métallique a été inauguré en 1932 et pensé par John Bradfield. Les habitants de la ville l’appellent affectueusement The Coat Hanger à savoir le cintre. Tous les jours, voitures, trains, et passants traversent ce pont iconique. On peut même faire la grimpette du pont moyennant quelques 250 $ (et photos interdite).
Et il y a cet Opéra, vaste et imposant, plein de courbes et presque figé dans cette immense baie. Quand on découvre pourquoi cet édifice culturel a été créé, on comprend tout de suite la grande supercherie de cette ville. Tout part en 1955 de la volonté de la ville de bâtir un édifice culturel et d’un appel d’offre international pour trouver l’architecte. Ce concours architectural a réuni près de 233 projets et c’est celui d’un jeune homme danois qui remporta les faveurs de la ville.
Le projet de Jorn Utzon, architecte de 38 ans, portait sur un ensemble de trois coquilles en arc brisés. D’autres ont vu un ensemble de voiles marines prêtes à lâcher les amarres.
Si le projet est ambitieux, il est d’autant plus quant à sa réalisation, comment faire tenir un ensemble architectural de cette envergure et avec cette complexité technique? Comment bâtir un édifice dans ce sol sableux? Partant des 7 millions de dollars prévus pour les travaux, il en faudra finalement plus de 107 millions. C’est ce qu’on appelle un gouffre! Mais quand on sait combien il rapporte annuellement depuis, ce n’est qu’une erreur de calcul bien vite oubliée. Taisons les querelles administratives (l’architecte a jeté l’éponge en 1966), les retards de conception, l’édifice ne sera livré qu’en 1973 et inauguré par la Reine Elizabeth II en personne.
Ainsi, la ville a décidé de remuer ciel et terre pour accoucher dans la douleur d’un établissement culturel qu’elle décidera de porter comme icône de l’Australie. Et quand bien même la qualité du son ou de l’ouvrage laissaient à désirer. Il fallait attirer les touristes d’abord à Sydney et tirer à la bourre à Melbourne, l’ennemie publique. L’affaire était pliée, nous retiendrons tous que l’Australie c’est Sydney et Sydney, l’Australie.
Le Royal Botanical Gardens
Reconnaissons à Sydney, ses beaux jardins royaux. Vraie étendue sauvage au cœur de la ville, la balade vaut le détour. Ce qui est d’autant plus appréciable c’est qu’au bout du parc, vous arriverez sur une balade piétonne sur le front de mer.
Nous n’avons pas pu aller plus loin car des gradins étaient en cours d’installation mais sur la pointe est, on y trouve la Mrs Macquarie’s Chair, siège taillé dans la pierre par les bagnards de Sydney pour la femme du gouverneur pour l’arrêt-minute de Madame lors de ses balades. Et elle en avait de la chance la Dame Macquarie, c’est une ravissante vue sur la baie (et donc l’Opéra et le Harbour Bridge qui n’existaient pas naguère).
Le quartier des Rocks
Et pour ceux qui veulent avoir un peu d’histoire dans ce vague terrain fade, on peut se rendre dans le quartier des Rocks. Bon, vous affolez pas c’est juste l’histoire de quelques ruelles. Mais le quartier est assez intéressant car c’est le plus vieux de Sydney. On a un arrière-goût de Saint-Malo ou de Québec, des vieilles ruelles pavées avec des maisons de briques. Pubs, anciennes auberges, ou vieux entrepôts, le tout est plaisant à découvrir. Le quartier est devenu rapidement le fief des gangs et a été laissé de côté par l’administration. Elle a même eu pour projet de raser le quartier au début des années 1960 mais devant la fronde populaire et le combat de certaines associations, le quartier a été classé en 1973 (même année que la venue de la Reine pour l’inauguration de l’Opéra, on vous dit, on a mis en tourisme la grande Sydney!).
Un tour à Newtown
Nous avons pris un train pour nous diriger vers la ville de Newtown située au sud de Sydney. Cette ville est connue pour son street-art et son esprit bohème. Alors oui, il y a quelques murs où les street artistes ont pu s’exprimer, mais ça casse pas non plus des briques. Une nouvelle fois, Sydney nous a déçu! Baladez-vous sur King Street, route empruntée par des voitures et des bus, et trouvez des magasins de second hand. Friperies, brocantes, petits cafés bios, on est en plein cœur de la fourmilière à hipster, écolos et artistes.
Nous n’avons rien de beau à faire dans ce quartier – preuve encore qu’on s’ennuie profondément à Sydney – et avons décidé de prendre le bus pour Coogee et la balade côtière. Après près de 50 minutes de bus, nous arrivons sur une côte dévastée par le vent et la pluie fine. On nous dit que c’est beau sous le soleil, mais les environs sont laids. Encore une fois, Sydney s’est étalé avec vitesse et dans une cacophonie complète. On trouve des maisons (moches) et des immeubles démodés. Nous retournons rapidement vers Sydney car les éléments se déchaînent.
Les Ferrys de Sydney
Il est de notoriété publique que les transports de Sydney sont un désastre cauchemardesque. Pas de tramways étendus comme à Melbourne (et qui sont une bénédiction avouons-le), les trains et les bus desservent la ville et ses banlieues. Les distances sont longues, les arrêts de bus difficilement identifiables et que dire des horaires jamais respectés? Une ligne de tramway existe pour l’instant, une deuxième est en route ce qui plonge le centre-ville dans un exercice de travaux déroutant. Toutes les rues sont dans un chantier continu! On ne comprend pas pourquoi ils n’ont pas fait de tramway dans la ville – elle serait tellement plus vivable! Niveau prix, c’est très intéressant, on paie à la distance (alors qu’à Melbourne on paie un tarif fixe de plus de 4$).
Prendre le ferry comme le bus c’est assez sympa sauf qu’il n’y a pas de bouchons sur la baie. Vous pouvez vous rendre sur plusieurs points dans la baie à partir du réseau de ferrys publics. Depuis Circular Quay, vous aurez le choix entre huit embarcadères.
Cremorne
La première fois en ferry est un souvenir impérissable, nous partons doucement sur l’eau et nous nous retrouvons face à l’Opéra et le Harbour Bridge. Peu à peu nous nous éloignons du CBD et avec lui, le panorama sur la skyline. Arrivés à Neutral Bay, nous partons pour une balade à pied jusqu’à Cremorne. C’est mignon mais décidément le bétonnage n’a connu aucune limite sur Sydney. Ça gâche un peu! Nous repartons en ferry jusqu’à Circular Quay.
Watsons Bay
Reparti de plus belle, nous arriverons en une trentaine de minutes à Watson Bay. De là, une très belle balade est possible depuis le port. Il vous faudra environ deux heures pour vous promener dans le coin. Les plages sont belles, la mer nous donnait envie! Au bout de la pointe, un phare et une vue sur l’océan.
Manly
Après 45 minutes de ferry depuis Circular Quay, vous arrivez à Manly, l’une des plages les plus connues de Sydney. Une plage en croissant de lunes, où baigneurs, surfeurs et familles se rendent après le travail. Le surf est vraiment une tradition australienne. Beaucoup d’habitants terminent leurs journées par un peu de glisse sur les vagues australiennes.
Sydney pas terrible!
Vous l’aurez compris, nous n’avons pas porté Sydney dans notre cœur. Peut-être avions-nous en tête Melbourne, notre ville de cœur et que nous comparions chaque élément. Nous nous sommes profondément ennuyés dans cette ville. Et quand nous soulevons ce vide culturel, artistique, historique, architectural aux Sydneysiders (oui, c’est le nom que les habitants se donnent – ça fait un peu marque d’un sidecar mais bon), tous nous répondrons :
« Mais Sydney doit se vivre sous le soleil! »
Alors que faisons-nous sous le soleil : se balader sur le Circular Quay ou prendre un ferry pour une plage? Léger tout ça.
Nous sommes surtout très circonspect sur la place de Sydney dans le paysage touristique. Une ville qui a tout misé sur sa place financière et qui un jour s’est réveillé et s’est aperçue qu’il fallait y faire quelque chose : l’Opéra est né! On frôle donc la supercherie et l’hystérisation. On doit aller à Sydney pour vivre l’Australie alors que NON! Revendiquons clairement la richesse de l’Australie sans passer par cette ville mal-conçue. Si vous osez nous dire : « mais les plages!« , on vous répondra qu’elles sont aussi belles sur la Great Ocean Road, à Wilson Prom, qu’elles sont délicates sur la Mornington Peninsula et sur Philip Island. Et que vous soyez à Perth, Byron Bay, Whitsundays, elles le seront tout autant.
Certes, il faut de tout pour faire un monde, mais pour nous, ça sera un monde sans Sydney.
Sinon niveau climat, plages, espace verts, nature, transport en commun sydney c est 100fois mieux!!
Ps: le tram à 30km/heure c est obsolete 😂
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