Dans le cadre du dispositif culturel d’Open House (les journées du patrimoine) où de nombreux bâtiments de la ville et de sa banlieue étaient accessibles au grand public, nous avons profité pour partir à la découverte du Parlement du Victoria. Mastodonte de pierre aux colonnes géantes, il domine la Spring Street à l’extrême-est de la ville.
D’une colonie à un État
Tandis que nous étions en train de vivre une Seconde République bien fragile en France, Melbourne établissait les bases d’une colonie subissant une explosion démographique. Ayant d’abord structuré un système financier, puis entrepris les travaux de ses édifices culturels, les colons ont très rapidement ressenti la nécessité de fonder un État à part entière. Originellement rattaché à la Nouvelle Galles du Sud (qui a vu éclore la rivale Sydney), l’État du Victoria devint officiellement un État par décision royale en 1851. Toutefois, il faudra attendre 1856 pour voir se réunir le Parlement victorien.
Le fonctionnement du Parlement
Pourvu d’un système législatif bicamérale, il compte en son sein la Reine d’Angleterre (son siège est matérialisé dans l’une des chambres), l’Assemblée législative (ou Chambre Basse) et le Conseil législatif (Chambre Haute). C’est au Parlement que reviennent les pouvoirs de créer la loi pour l’État du Victoria. Et oui, nous restons sur un modèle fédéral et chaque État est indépendant. Les seules restrictions que lui impose la Constitution d’Australie, sont les prérogatives relevant de la compétence fédérale.
Les hommes au pouvoir
Ce qui est assez intéressant lors de notre visite, c’est que nous ressentons la domination masculine au sein du cœur politique du Victoria. En témoignent les portraits des premiers ministres où seule une femme a eu les privilèges de la fonction. Cette pauvre Joan Kirner, au portrait peu flatteur, a pu exercer entre 1990-1992. Viendront également les portraits dans les couleurs des deux chambres où des hommes ont majoritairement présidé les séances.
Si le Premier Ministre (ou Premier) est le chef du gouvernement et est nommé par le gouverneur, c’est à ce dernier qu’incombent les grandes responsabilités. Lui et lui-seul est représentant de la Reine Elisabeth II en tant que chef de l’État. Parmi ses fonctions figurent l’ouverture du Parlement et la signature des lois qui sont votées par le Parlement.
Un Parlement bicaméral
En bon joyau de la couronne anglaise, le Victoria s’est doté du système de Westminster. Le Parlement compte deux chambres, la première le Conseil législatif (ou Sénat) avec 40 membres et l’Assemblée législative (ou Chambre des représentants) avec 88 membres.
La Chambre de l’Assemblée législative
Ou la chambre verte (couleur adoptée de la Chambre des Communes et de la Chambre des Lords de Grande-Bretagne, un des nombreux héritages royaux), cette chambre est l’Antre des lois. C’est ici qu’elles se font, se discutent, se disputent. Une grande table de bois ciré est au milieu de la salle sacrée, c’est à cette table que les membres du gouvernement et de l’opposition font débat. Le speaker, président de l’Assemblée, trône – c’est le cas de le dire – entre deux colonnes ioniques de style romain. De part et d’autres de la salle, les tribunes pour le grand public et les journalistes.
La Chambre du Conseil législatif
Ou la chambre rouge au style architectural très romain, on pourrait croire qu’elle est plus petite (elle ne dispose que d’une quarantaine de sièges) et pourtant elle est aussi grande que sa voisine. Si techniquement, une loi peut être proposée dans les deux instances, la pratique révèle que la proposition se fait davantage à l’Assemblée législative. Le texte de loi devra passer et être voté dans les deux chambres avant d’être proposé au Gouverneur.
Différences de style
Serait-ce l’effet d’une lenteur de construction, le bâtiment a effectivement mis beaucoup de temps à obtenir sa forme définitive (1856-1930), mais nous avons une impression de styles différents. Le bâtiment tout d’abord. Impressionnant, majestueux, son style est néo-classique. Puis le hall, vaste et lumineux grâce à ses vingt-deux fenêtres semi-circulaires et sa statue de la Reine Victoria aux traits de déesse grecque. Ses couloirs ensuite, aux moquettes colorées et aux boisures intenses et parfois lugubres. Dans certaines pièces, des meubles lourds qui feraient pâlir le beau buffet massif de mamie. Enfin, la bibliothèque mérite le détour. Des pans entiers de murs remplis de livres en tous genres et d’échelles hautes. Disposant de trois espaces distincts, la bibliothèque nous transporte dans un temps où le futur de l’État du Victoria se dessinait.
Infos pratiques:
Visite gratuite tous les jours à l’exception des week-ends et des jours où l’Assemblée ou le Conseil législatif se réunissent. Plusieurs horaires : 9h30 – 15h30 et des tours express à 13h00 et 16h00. Durée entre 25 et 40 mns.