#ToujoursAussie blogueur

Des lustres que nous n’avons pas écrit dans cette section, celle de nos coups de cœur, nos coups de gueule et nos interrogations. D’ailleurs n’y a-t-il pas plus égocentrique qu’un blog ou la vitrine fumeuse de nos chers réseaux sociaux ? Plus nous consultons ces plateformes et plus nous nous étonnons de la tournure des évènements. Comment en sommes-nous arrivés là, à nous revendiquer « blogueur voyage », « influenceur » et autres « précurseur de tendances » quand au fond nous nourrissons une passion secrète pour soi-même. A quel moment avons-nous sombré dans cet égotisme sournois qui fait que tout aura vocation à se faire voir, à gloser, à s’afficher ? Quand avons-nous chuté dans cette quête perpétuelle de reconnaissance ? Car les études le prouvent, il existe un lien évident entre narcissisme et la pratique des réseaux sociaux : cette étude publiée dans Journal of Personality réalisée par des scientifiques de l’Institut de Leibniz et l’Université de Würzburg en 2017 a montré des liens étroits entre nombrilisme et réseaux sociaux. L’un des chercheurs témoignait : « ils se considèrent comme exceptionnellement talentueux et affichent l’image de la réussite. Ils aiment se faire bien voir par d’autres personnes en demandant leur approbation ». L’ensemble de cette stratosphère de l’entre-soi correspond et échange, partage et relaie leurs comptes. L’un va faire une story pour faire la promotion des comptes et d’autres vont même demander aux utilisateurs de publier des photos d’eux dans leurs stories pour ainsi pouvoir les repartager.

Les blogueurs , un objectif de parler de soi ?

Certains blogueurs – dans la thématique voyage en l’occurrence car c’est notre terrain de jeu – ne peuvent s’empêcher de poster des photos d’eux de manière systématique. Finalement, les paysages, les impressions, les adresses, les gens rencontrés au gré de leurs voyages ne sont relayés souvent qu’au second plan. Chacune des photos devra comporter un jeune couple amoureux mis en scène à l’extrême comme la plus belle publicité d’un catalogue de voyage, toujours tellement heureux ; ou cette jeune femme qui a décidément fait le bon choix de rester en Australie et qui le martèle à chaque post ; ou cette mère de famille qui diffuse l’intimité de ses enfants sous n’importe quel prétexte en citant la marque de ses draps ou de sa poussette (dans l’espoir de futurs cadeaux marques?). Car c’est bien connu dans le monde des réseaux sociaux, on est heureux et on veut apprendre à l’autre à le devenir. C’est d’ailleurs l’objectif d’un certain nombre de jeunes voyageurs qui se lancent dans ces comptes de développement personnel aux textes débordant de banalités de comptoir. C’est une mission divine pour ces personnes.

On ne renie pas le travail fourni par ces gens – parfois très chronophage – mais nous voudrions questionner l’intérêt de ces publications nombrilistes ? Et finalement a-t-on le droit d’être malheureux ou en difficulté à l’étranger ? Pourquoi doit-on porter ce message universel de bonheur ? Pourquoi inventer cette dimension virtuelle parallèle?

Une autre étude du département informatique de l’Université d’Arizona s’est amusé à étudier les publications Instagram de quelques comptes et d’en définir les grandes tendances : 46% des posts sont des selfies. Edifiant!

Réussir à capitaliser du vide

Un autre blogueur est parvenu à créer une multitude de groupes Facebook avec des thématiques diverses et variées dans l’ensemble des pays de l’Océanie pour rassembler une communauté de plusieurs  milliers de personnes. Ce même professionnel du néant réussit à capitaliser sur le dos d’un repost incessant de photos chinées sur les comptes des internets et la publication de stories Instagram mal-orthographiées, mal localisées et vides de sens. Comment certains d’entre eux arrivent à polluer les réseaux d’un contenu insignifiant et arrivent à vivre de ça ? Pire encore, comment peut-on avoir la décence de proclamer des centaines de milliers de followers quand la technique consiste en une multiplication de comptes Facebook sans aucune gestion, ni aucun travail ? Capitaliser sur du vide ou plutôt sur la participation des utilisateurs. Influenceur opportuniste ?

Cet illustre de la sphère 2.0 se revendiquant comme le plus grand spécialiste de la zone, viendrait à l’aide de milliers de jeunes égarés sur la thématique de l’Océanie. Les informations qu’il donne – lorsque c’est le cas – sont souvent erronées. Et quand on lui souligne son erreur (ou son approximation), il rétorquera qu’il n’a rien à apprendre d’un pseudo-blogueur à la faible communauté et à l’obscure Award. Il finira par éliminer notre commentaire, puis fera une rectification de son post (pas la partie en anglais qui est du Google Trad). Une censure pour l’avoir mis face à son erreur, avouez que la situation est cocace.

Légitime ou non ?

Pis encore, quel est l’impact de ces jeunes pousses 2.0 dans l’univers de la publicité moderne ? On dit souvent que ces personnes remplacent désormais les supports historiques (télévision, radio et autres magazines) car elles auraient un lectorat plus grand, plus fidèle (et quasi religieux pour certains). Et on se pose la question légitime de l’objectivité d’un reportage publié par un influent de la toile lorsque celui-ci est payé par une marque ou quand cet écrivain digital est rémunéré. Comme cette parisienne qui avait effectué une étude des protections hygiéniques payée par la marque d’une… protection hygiénique connue. Bien sûr, on glissera un #motdièse pour avertir son lectorat de la collaboration mais l’objectivité disparaît à mesure des cadeaux faits.

Et nous alors ?

Il n’y aurait pas plus contradictoire que notre cas. D’un côté tiraillé par cette envie d’être lu et de voir son contenu partagé, apprécié à son humble valeur et de pouvoir ainsi aider les nouveaux arrivants en terres australes et partager avec eux nos découvertes. C’est pour ça que nous nous affichons peu voire pas sur les réseaux, et que nous préférons plutôt élaborer des articles de fond (itinéraires, bons plans…) documentés.

De l’autre côté, nous avons une aversion déchirante pour cette nébuleuse du vide, ce grand trou noir des réseaux sociaux où chaque acteur devra afficher son bonheur (quand ce n’est pas son cul !) et des grandes envolées lyriques aux tournures douteuses.

Nous sommes fiers d’avoir pu attirer le regard du site PVTistes qui nous a décerné le Blog Awards 2018, nous sommes aussi très contents quand nous nous faisons reposter sur les réseaux sociaux de Visit Melbourne par exemple, car cela récompense notre travail (ici photographique dans le cas de l’office de Melbourne). Notre communauté est minuscule, elle est même dérisoire comparée à celles des imposteurs que nous trouvons chaque jour, mais nous ne courons pas après la gloire. Et puis au-delà de ce monde virtuel, nous sommes également en ligne avec notre philosophie de vie : se décoller des écrans et des réseaux sociaux qui nous aspirent et sur lesquels nous pouvons passer des heures sans rien nous apporter. Nous avons instauré par exemple le réveil sans smartphone et attendons la fin de notre petit-déjeuner pour rallumer nos écrans noirs. Ce n’est pas facile tant nous sommes conditionnés à manier les écrans dès le réveil. Nous apprenons petit à petit à nous désintoxiquer des appareils.

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